Lorient, été 2025. Ce n’est ni une légende ni une rumeur sortie de nulle part, mais le fruit d’un travail de recherche dans les archives municipales. En consultant des dossiers d’époque, Jean Guilbert, passionné d’histoire locale, a mis au jour une série de documents qui, mis bout à bout, laissent entrevoir l’existence d’un trésor financier dissimulé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Tout commence par un inventaire daté d’août 1944, rédigé en allemand et portant le cachet de la Kommandantur de Lorient. Le texte fait mention d’une « réserve de valeurs », une expression administrative utilisée à l’époque pour désigner des dépôts de titres financiers, bons ou obligations.
Dans les semaines qui précèdent la Libération, la ville est alors sous contrôle allemand et subit de violents bombardements. Dans ce contexte, les autorités d’occupation auraient organisé la mise à l’abri de certains biens financiers, notamment des « bons du trésor » émis pendant l’Occupation.
Jean Guilbert a également retrouvé un registre civil mentionnant la conservation de « titres et bons » confiés à un service administratif local. Mais c’est un petit carnet en cuir, retrouvé dans la même série d’archives, qui a éveillé les plus fortes suspicions : il appartenait à un officier allemand nommé Karl-Heinz Fromm.
Sur l’une des pages, une note écrite au crayon mentionne :
« Bien protégé sous mur de soutènement, Faouëdic. »
Cette indication, simple mais précise, renvoie immédiatement à l’avenue du Faouëdic, dans le centre-ville de Lorient, d’où son appellation de « Trésor du Faouëdic ».
Un plan cadastral de 1943, retrouvé dans les mêmes dossiers, renforce encore la piste. Sur la parcelle n°147, correspondant alors à un ancien dépôt municipal, on distingue une croix tracée à l’encre brune et plusieurs annotations en allemand, dont le mot « Blind » (aveugle) et une référence à un « Hohlraum 1m³ » , littéralement, une cavité d’un mètre cube.
Ces indices laissent penser qu’une cache aurait été aménagée dans les fondations de l’un des bâtiments du secteur.
Des lettres internes datées de la même période mentionnent en outre des « mesures préventives » décidées après les bombardements du port, et ordonnent le transfert de « valeurs non bancaires vers un emplacement incombustible ».
Pour Jean Guilbert, ces documents ne constituent pas une preuve définitive, mais un faisceau d’indices suffisamment solide pour justifier des recherches approfondies.
« Je ne dis pas que j’ai trouvé un trésor », précise-t-il. « Ce que j’ai mis au jour, ce sont des traces concrètes d’une opération logistique et financière menée à la fin de la guerre. Ces documents montrent ce qui a été mis de côté, par qui, et où on a choisi de le cacher. »
Trois historiens qu’il a sollicités jugent les éléments très crédibles. D’après leurs estimations, la valeur d’origine des bons évoqués pourrait atteindre près de dix millions d’euros, dont 30 % seraient encore récupérables aujourd’hui selon les conditions de conversion.
Les travaux de recherche se poursuivent actuellement avec prudence. Les spécialistes privilégient les méthodes non destructives, comme les relevés géotechniques, l’analyse des encres ou encore l’exploration par endoscope des cavités connues.
Quelle que soit l’issue de cette enquête, cette découverte rappelle combien les archives de Lorient renferment encore des pans méconnus de l’histoire locale. Et si le trésor ne refait jamais surface, il aura au moins redonné vie à un passé que les bombes avaient presque effacé.

